Lignes directrices de l’OMS pour l’alimentation complémentaire des nourrissons et des jeunes enfants de 6 à 23 mois (2023)

Un rapport publié en 2023 par l'Organisation mondiale de la santé fournit des conseils de santé publique sur l'alimentation complémentaire chez les enfants âgés de 6 à 23 mois selon 7 recommandations clés, allant de la poursuite de l'allaitement maternel jusqu'à 2 ans et plus à l’atteinte de l'adéquation nutritionnelle en fournissant des aliments riches en nutriments tels que des laits animaux.

baby in high chair

Après l’âge de 6 mois, les nourrissons peuvent avoir besoin de plus d’énergie et de nutriments que ceux fournis par l’allaitement maternel exclusif et, par conséquent, il peut être nécessaire de leur fournir des aliments en plus du lait maternel et des substituts du lait maternel pour les aider à répondre à leurs besoins. L'alimentation complémentaire débute souvent vers l'âge de 6 mois jusqu'à 23 mois, bien que l'allaitement puisse se poursuivre au-delà de ce stade. Cette période est non seulement essentielle pour maintenir une croissance et un développement sains durant une phase particulièrement décisive de la croissance et du développement, mais aussi pour faire accepter une variété d’aliments sains.

À cet effet, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié en 2023 ses Lignes directrices de l’OMS pour l’alimentation complémentaire des nourrissons et des jeunes enfants âgés de 6 à 23 mois, qui fournissent des conseils de santé publique pour les enfants nés à terme, qu’ils soient allaités ou non. Pour créer l'élaboration de ces lignes directrices, l'OMS a mandaté une revue narrative de la littérature publiée depuis 2003 sur l'alimentation complémentaire, ainsi que 10 revues systématiques.

L'article suivant présente une vue d’ensemble et les messages clés des lignes directrices destinés aux professionnels de la santé. Les recommandations et un résumé des observations supplémentaires sont les suivantes :

Recommandation 1 : Poursuivre l’allaitement. L'allaitement devrait se poursuivre jusqu'à 2 ans ou plus (données probantes solides de très faible certitude)

Résumé des observations :

  • Pour continuer à allaiter, les femmes ont besoin d'un environnement favorable et de services de soutien, notamment des aménagements sur le lieu de travail, des conseils et une protection contre la commercialisation abusive des substituts du lait maternel.

Recommandation 2 : 

  1. Laits chez les 6 à 11 mois : pour les nourrissons âgés de 6 à 11 mois nourris avec des laits autres que le lait maternel, il convient de donner des substituts du lait maternel ou du lait animal (données probantes conditionnelles de faible certitude).
  2. Laits chez les 12 à 23 mois : pour les jeunes enfants âgés de 12 à 23 mois nourris avec des laits autres que le lait maternel, il convient de donner du lait animal. Les préparations dites « de suite » ne sont pas recommandées (données probantes conditionnelles de faible certitude).

Résumé des observations :

  • Les produits laitiers, tels que les laits animaux, font partie intégrante d'une alimentation variée et contribuent à l’atteinte d’une adéquation nutritionnelle.
    • Ils sont particulièrement importants pour les enfants qui ne sont pas allaités, surtout lorsque les autres aliments d'origine animale sont peu présents.
  • Les types de laits animaux qui sont reconnus sont le lait pasteurisé, le lait évaporé reconstitué (non condensé), le lait fermenté ou le yogourt. Il est nécessaire de respecter rigoureusement les bonnes pratiques en matière de manipulation et de conservation.
    • Les laits aromatisés ou sucrés ne sont pas recommandés.
  • Pour les nourrissons âgés de 6 à 11 mois, le lait entier doit être choisi si des laits animaux sont introduits.

« Les produits laitiers, y compris les laits animaux liquides, font partie d’une alimentation diversifiée et peuvent contribuer à l’adéquation nutritionnelle. Ils sont particulièrement importants pour les enfants non allaités lorsque d’autres aliments d’origine animale ne sont pas disponibles. » -Ligne directrice de l'OMS pour l'alimentation complémentaire des nourrissons et des jeunes enfants âgés de 6 à 23 mois

Dans ce rapport, l'OMS souligne l'importance des laits animaux, car ils constituent une source importante de nutriments essentiels, tels que le calcium, la riboflavine, le potassium, le phosphore, le magnésium et le zinc, ainsi que de protéines; les protéines du lait stimulent la production du facteur de croissance 1 de type insuline, qui est important pour le développement des os et la croissance. Il est également précisé que le lait ou d’autres sources de produits laitiers sont nécessaires, en particulier pour les enfants qui ne consomment pas d’autres aliments d’origine animale. Bien que la consommation de lait de vache chez les enfants en bas âge ait été associée à des pertes de sang gastro-intestinales et à une charge rénale en solutés plus élevée, l'OMS estime que le lait de vache consommé avec des aliments complémentaires est sécuritaire, puisque les pertes de sang occultes minimes chez les nourrissons de 6 à 11 mois sont peu susceptibles d’avoir un impact sur le statut en fer.

« Bien que les boissons végétales, comme les boissons de soya et les boissons aux amandes, gagnent en popularité, les lignes directrices de l'OMS questionnent la pertinence de leur consommation chez les jeunes enfants. Comparé aux boissons végétales, le lait de vache fournit plus de calories, de matières grasses, de protéines de haute qualité ainsi que des vitamines et des minéraux essentiels. » -Ligne directrice de l'OMS pour l'alimentation complémentaire des nourrissons et des jeunes enfants âgés de 6 à 23 mo

Recommandation 3 :  Âge d'introduction des aliments complémentaires. Les nourrissons devraient être initiés aux aliments complémentaires à 6 mois (180 jours) tout en continuant à être allaités (données probantes solides de faible certitude).

Résumé des observations :

  • Certains nourrissons peuvent bénéficier d'une introduction précoce des aliments complémentaires.
  • Le soutien à l'allaitement peut aider les mères qui s'inquiètent de l’adéquation du lait maternel.
  • L'introduction précoce d'aliments complémentaires, même s'ils sont enrichis en fer, pourrait ne pas suffire à prévenir l'anémie ferriprive chez les populations à haut risque.

Recommandation 4 :  Diversification alimentaire. Les nourrissons et les jeunes enfants âgés de 6 à 23 mois doivent avoir une alimentation diversifiée.

  1. Les aliments d’origine animale, notamment la viande, le poisson ou les œufs, devraient être consommés quotidiennement (données probantes solides de faible certitude).
  2. Les légumes et les fruits devraient être consommés quotidiennement (données probantes solides de faible certitude).
  3. Les légumineuses, les noix et les graines devraient être consommées fréquemment, en particulier lorsque la viande, le poisson ou les œufs ainsi que les légumes sont limités dans l'alimentation (données probantes conditionnelles de très faible certitude).

« Les aliments d'origine animale, les légumes et les fruits, ainsi que les noix, les légumineuses et les graines devraient être des composants essentiels de l'apport énergétique en raison de leur densité nutritionnelle globalement plus élevée que celle des produits céréaliers. » -Ligne directrice de l'OMS pour l'alimentation complémentaire des nourrissons et des jeunes enfants âgés de 6 à 23 mois 

Résumé des observations :

  • Les aliments d'origine animale, les fruits, les légumes, les noix, les légumineuses et les graines sont des aliments essentiels pour leur densité nutritionnelle, contrairement aux produits céréaliers.
  • Limiter les produits céréaliers, dû à leur qualité protéique inférieure par rapport aux aliments d'origine animale, leur teneur plus faible en de nombreux nutriments essentiels et la présence d'anti-nutriments.
    • Lorsque des produits céréaliers sont consommés, les aliments à grains entiers devraient être privilégiés et les aliments faits à base de grains raffinés devraient être limités.
  • Prendre des précautions pour éviter tout risque d’étouffement lorsque des légumineuses, des noix et des graines sont offertes.

Pour favoriser une croissance saine et veiller à ce que les nourrissons et les jeunes enfants répondent à leurs besoins nutritionnels, il est essentiel de privilégier une alimentation diversifiée. Une faible diversification alimentaire augmente le risque de carences nutritionnelles qui ne peuvent pas toujours être rétablies par des suppléments ou des aliments enrichis, car ils n’offrent pas tous les nutriments essentiels et les composés bioactifs présents dans les aliments.

Dans ce rapport, les aliments d'origine animale, tels que les œufs, les produits laitiers, le poisson et la viande, sont reconnus pour :

  • Leur abondance en micronutriments essentiels, tels que la vitamine A, la vitamine B12, le calcium, le zinc et le fer, ainsi qu'en macronutriments, telles que des protéines de haute qualité qui sont essentielles à la croissance et au développement.
  • Leur contenu en nutriments variés hautement biodisponibles, par rapport aux aliments végétaux.

La consommation de diverses combinaisons d’aliments peut produire des effets synergiques favorisant l’absorption des nutriments essentiels. L'OMS et l'UNICEF ont déjà défini la diversification alimentaire comme étant un minimum de 5 de ces 8 groupes alimentaires essentiels :

  1. le lait maternel
  2. les aliments provenant de la chair d’animaux (viande, poisson, volaille, etc.)
  3. les produits laitiers (lait, yogourt, fromage)
  4. les œufs
  5. les légumineuses et les noix
  6. les légumes et les fruits riches en vitamine A
  7. les autres fruits et légumes
  8. les produits céréaliers, les aliments-racines et les tubercules.

L’importance d’une alimentation diversifiée va au-delà de la satisfaction des besoins nutritionnels : les enfants bénéficient de l’exposition à différents goûts et textures alimentaires, qui sont inhérents à une alimentation diversifiée.

Malgré les inquiétudes concernant la durabilité des aliments d'origine animale, en particulier la viande rouge, les besoins nutritionnels uniques des nourrissons et des jeunes enfants méritent une attention particulière, même dans les populations à revenus élevés. Compte tenu de la capacité gastrique limitée des nourrissons, leur consommation de viande a un impact minimal sur l’environnement et, par conséquent, pour garantir que les nourrissons et les jeunes enfants reçoivent des aliments d'origine animale dans le cadre de l'alimentation familiale, il faut tenir compte de leurs besoins de manière nuancée.

Recommandation 5 : Aliments et boissons malsains

  1. Les aliments riches en sucre, en sel et en gras trans ne devraient pas être consommés (données probantes solides de faible certitude).
  2. Les boissons sucrées ne devraient pas être consommées (données probantes solides de faible certitude).
  3. Les édulcorants ne devraient pas être consommés (données probantes solides de très faible certitude).
  4. La consommation de jus de fruits purs à 100% devrait être limitée (données probantes conditionnelles de faible certitude).

Résumé des observations :

  • Les actions politiques nécessaires à la mise en œuvre comprennent la prise en compte des besoins nutritionnels dans l'agriculture et la réglementation de l'étiquetage et de la commercialisation des aliments.
  • Les personnes responsables des soins doivent être informés des effets néfastes des aliments riches en sucre, en sel et/ou en gras trans, tels que les boissons sucrées et les édulcorants.

Les nourrissons et les jeunes enfants consomment de plus en plus d’aliments et de boissons hautement transformés ou ultra-transformés, contenant de grandes quantités de sucres libres, de sel et de certains gras, dont des gras saturés et trans. L'OMS décrit ces produits comme étant généralement riches en énergie mais pauvres en nutriments et sont plus souvent consommés que des options riches en nutriments en raison de leur appétence, leur commodité, leur prix abordable, leur grande disponibilité et d’un marketing agressif.

Recommandation 6 :  Suppléments nutritionnels et produits alimentaires enrichis

Dans certains contextes où les besoins nutritionnels ne peuvent être satisfaits uniquement avec des aliments non enrichis, les enfants âgés de 6 à 23 mois peuvent bénéficier de suppléments nutritionnels ou de produits alimentaires enrichis.

  1. Plusieurs poudres de micronutriments peuvent fournir des quantités supplémentaires de vitamines et de minéraux sélectionnés sans remplacer d’autres aliments dans l’alimentation (données probantes spécifiques au contexte de certitude modérée).
  2. Pour les populations qui consomment déjà des aliments complémentaires à base de céréales du commerce et des farines mélangées, l'enrichissement de ces céréales peut améliorer l'apport en micronutriments, bien que leur consommation ne doive pas être encouragée (données probantes spécifiques au contexte de certitude modérée).
  3. Les suppléments nutritionnels à base de lipides offerts en petites quantités peuvent être utiles pour les populations en situation d’insécurité alimentaire confrontées à d’importantes carences nutritionnelles (données probantes spécifiques au contexte de haute certitude).

Résumé des observations :

  • Les lignes directrices de l'OMS fournissent des recommandations quant aux situations où une supplémentation en micronutriments peut s’avérer être requise.
  • Les trois produits susmentionnés ne devraient jamais être présentés comme des interventions autonomes et devraient toujours être accompagnés des messages et d’un soutien favorisant les pratiques alimentaires optimales.
  • Aucun supplément ne remplace une alimentation diversifiée composée d'aliments sains.

Recommandation 7 : Une alimentation adaptative

Les enfants âgés de 6 à 23 mois devraient être nourris de manière adaptative, ce qui se définit comme étant « des pratiques alimentaires qui encouragent l'enfant à manger de manière autonome et en réponse à ses besoins physiologiques et développementaux, qui peuvent encourager l'autorégulation alimentaire et soutenir le développement cognitif, émotionnel et social » (données probantes solides de faible certitude).

Résumé des observations :

  • Le personnel de santé doit être formé pour offrir des conseils nuancés et personnalisés sur l’alimentation adaptative.
  • Les personnes responsables des soins ont besoin de suffisamment de temps et de ressources pour soutenir des pratiques efficaces d'alimentation des enfants, notamment en minimisant les pertes de nourriture pendant l'auto-alimentation.

Enfin, ce rapport se termine par une liste de lacunes dans la recherche sur des sujets tels que la poursuite de l'allaitement maternel, le lait pour les nourrissons et les jeunes enfants, l'âge d'introduction des aliments complémentaires, les aliments et boissons malsains, les suppléments nutritionnels et les produits alimentaires enrichis, ainsi que l’alimentation adaptative. Les questions relatives au lait comprennent :

  • Pour les nourrissons âgés de 6 à 11 mois qui consomment du lait animal non enrichi, quels autres aliments faut-il ajouter à l'alimentation pour éviter une carence en fer?
  • Quels sont les effets des différents types de lait (par exemple, laits animaux entiers vs allégés, boissons végétales vs laits animaux) chez les jeunes enfants de 12 à 23 mois en matière de santé et de nutrition?
  • Quelle est la quantité optimale/maximale de lait que les enfants âgés de 6 à 23 mois devraient/peuvent consommer (c'est-à-dire, des limites maximales devraient-elles être fixées pour éviter l’écartement d'autres aliments)?
 
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