Santé cardiovasculaires et produits laitiers : résumé des données actuelles

Un grand nombre de données robustes indiquent que les produits laitiers sont associés à un risque réduit de maladies cardiovasculaires. En fait, les données montrent que les produits laitiers, y compris ceux ayant une teneur plus élevée en matières grasses comme le fromage, pourraient contribuer à protéger la santé cardiovasculaire. Cela a amené les chercheurs à conclure que l’ensemble des données n’appuient pas l’idée selon laquelle nous devons seulement favoriser les produits laitiers à faible teneur en gras, au lieu des produits laitiers à pleine teneur en gras, dans les lignes directrices en matière nutrition. 

Stéthoscope avec une boule en forme de cœur dessus

Points saillants

  • La consommation de produits laitiers totaux est associée à un risque réduit de maladies cardiovasculaires.
  • Une association neutre ou bénéfique a été observée entre les produits laitiers à pleine teneur en matières grasses et les maladies cardiovasculaires.
  • Le yogourt et le fromage sont associés à un risque réduit de maladies cardiovasculaires, notamment de maladies du cœur et d’accidents vasculaires cérébraux.
  • Plusieurs nutriments et autres composantes pourraient expliquer le rôle bénéfique des produits laitiers dans la santé cardiovasculaire, entre autres le calcium, la vitamine D, les protéines, les peptides bioactifs et certains acides gras.

Les données scientifiques 

En 2019, Zhang et coll. ont publié une méta-analyse de 10 études de cohorte prospectives explorant la relation entre les produits laitiers fermentés, notamment le yogourt et le fromage, et les maladies cardiovasculaires1.  

  • Les produits laitiers fermentés étaient associés à une réduction de 20 % du risque de maladies cardiovasculaires et de 18 % du risque d’infarctus du myocarde. 
  • Le yogourt était associé à une réduction de 22 % du risque de maladies cardiovasculaires.
  • Le fromage était associé à une réduction de 13 % du risque de maladies cardiovasculaires. 

L’étude à grande échelle PURE (Prospective Urban Rural Epidemiology) a évalué les associations entre la consommation de produits laitiers et le risque d’événements cardiovasculaires majeurs (c.-à-d. crise cardiaque, accident vasculaire cérébral, insuffisance cardiaque et décès dû à des causes cardiovasculaires)2. Cette étude a été publiée en 2018 et comprenait des données provenant de 136 000 adultes répartis dans 21 pays sur 5 continents. Les participants ont été suivis pendant une période médiane de 9,1 ans. L’étude a démontré ce qui suit : 

  • La consommation de produits laitiers était associée à une réduction de 22 % du risque de maladies cardiovasculaires et de 34 % du risque d’accidents vasculaires cérébraux; 
  • La consommation de lait était associée à une réduction de 18 % du risque de maladies cardiovasculaires; 
  • La consommation de yogourt était associée à une réduction de 10 % du risque de maladies cardiovasculaires; 
  • La consommation de produits laitiers à pleine teneur en gras était associée à une réduction de 32 % du risque de maladies cardiovasculaires; 
  • La consommation de produits laitiers n’avait pas d’impact sur le cholestérol LDL et était associée à des taux de triglycérides moins élevés.  

Une méta-analyse de 27 études de cohorte prospectives publiée par Gholami et coll. en 2017 a examiné l’association entre la consommation de produits laitiers et les maladies cardiovasculaires3

  • La consommation de produits laitiers était associée à une réduction de 10 % du risque de maladies cardiovasculaires et de 12 % du risque d’accidents vasculaires cérébraux.
  • La consommation de produits laitiers était également associée à une réduction de 20 % du risque de mortalité due à un accident vasculaire cérébral.
  • Aucune association n’a été observée entre la consommation de produits laitiers totaux et les maladies coronariennes. 

En 2017, Guo et coll. ont publié une méta-analyse de la relation dose-effet regroupant 29 études de cohorte prospectives qui a révélé de manière générale des associations neutres entre les produits laitiers et la mortalité, toutes causes confondues, et le risque de maladies cardiovasculaires4.  

Une méta-analyse de 31 études de cohorte prospectives, publiée en 2016 par Alexander et coll., a examiné l’association entre la consommation de produits laitiers et le risque de maladies cardiovasculaires5

  • La consommation de produits laitiers, y compris ceux à pleine teneur en gras, était associée à une réduction de 9 % du risque d’accidents vasculaires cérébraux.
  • Le calcium laitier était associé à une diminution de 31 % du risque d’accidents vasculaires cérébraux.
  • La consommation de fromage était associée à une réduction de 18 % du risque de maladies coronariennes et de 13 % du risque d’accidents vasculaires cérébraux. 

En 2016, Drouin-Chartier et coll. ont publié une revue systématique de méta-analyses d’études de cohorte prospectives sur les associations entre la consommation de produits laitiers et le risque clinique lié aux maladies cardiovasculaires6. Les auteurs de cette revue ont conclu qu’il n’existe aucune donnée selon laquelle la consommation d’un type de produit laitier en particulier est associée à un effet dommageable sur les maladies cardiovasculaires. En fait : 

  • Des données de qualité élevée indiquent que la consommation de produits laitiers totaux est associée à un risque réduit d’hypertension
  • Des données de qualité élevée indiquent que les produits laitiers à teneur réduite en gras et le yogourt sont associés à un risque réduit de diabète de type 2
  • Des données de qualité modérée indiquent que la consommation de produits laitiers totaux est associée à un risque réduit d’accidents vasculaires cérébraux, de syndrome métabolique et de diabète de type 2
  • Des données de qualité modérée à élevée indiquent que la consommation de produits laitiers à pleine teneur en matières grasses n’accroît pas le risque de maladies coronariennes, d’accidents vasculaires cérébraux, d’hypertension ou de diabète de type 2. 

En 2016, Drouin-Chartier et coll. ont également publié une revue exhaustive des données issues d’études randomisées examinant l’impact des produits laitiers et du gras laitier sur les facteurs de risque cardiométabolique, notamment les lipides sanguins, la tension artérielle, l’insulinorésistance et la fonction vasculaire7. Cette revue suggère que la recommandation de ne consommer seulement que des produits laitiers à faible teneur en gras plutôt que des produits laitiers à pleine teneur en gras dans les lignes directrices en matière de nutrition n’est pas justifiée.  

  • Les produits laitiers n’ont généralement aucun effet sur le cholestérol LDL, peu importe le type de produits laitiers ou leur teneur en matières grasses.
  • La consommation de produits laitiers totaux n’a aucun effet sur le cholestérol HDL ou la concentration de triglycérides.
  • La consommation de produits laitiers et de gras laitier ne semble pas avoir d’effets sur l’inflammation systémique.
  • La consommation de produits laitiers n’a pas d’effets nuisibles sur l’insulinorésistance et l’homéostasie du glucose et de l’insuline à court terme. Cependant, elle pourrait être bénéfique à long terme.
  • La plupart des études randomisées ont démontré que les produits laitiers n’ont aucun effet sur la tension artérielle ou la fonction vasculaire; cependant, les auteurs notent qu’il s’agit d’essais menés sur une courte période et que leurs résultats ne sont pas cohérents avec les données épidémiologiques à plus long terme qui démontrent que la consommation de produits laitiers est associée à un risque réduit d’hypertension. 

Une méta-analyse de 15 études de cohorte prospectives publiée en 2016 par Chen et coll. a évalué les associations entre la consommation de fromage et le risque de maladies cardiovasculaires, de maladies coronariennes et d’accidents vasculaires cérébraux8. La majorité des études (13/15) ont suivi les participants pendant plus de 10 ans. 

  • Comparativement à une consommation plus faible, une consommation plus élevée de fromage a été associée à une réduction de 14 % du risque de maladies coronariennes et de 10 % du risque d’accidents vasculaires cérébraux et de maladies cardiovasculaires totales.
  • Les plus importantes réductions du risque de maladies cardiovasculaires ont été observées pour une consommation d’environ 40 g de fromage par jour

Les mécanismes potentiels 

La consommation de produits laitiers a été inversement associée à plusieurs facteurs de risque de maladies cardiovasculaires, dont : l’hypertension, l’obésité et le diabète de type 2. Les effets des produits laitiers pourraient être influencés par certains micronutriments, acides aminés, acides gras et probiotiques9.  

 En effet, plusieurs nutriments contenus dans les produits laitiers pourraient avoir un effet bénéfique sur la santé cardiovasculaire (voir le tableau ci-dessous)9-12. De plus, des données suggèrent que la matrice complexe des produits laitiers en tant que telle, plutôt que leurs composantes individuelles, pourrait jouer un rôle encore plus important dans l’amélioration de la santé cardiovasculaire9-11.

Composantes du lait  Effets mécanistes potentiels
Vitamine D
  • Amélioration du profil des lipides sanguins 
  • Augmentation de la sensibilité à l’insuline 
  • Contrôle de la tension artérielle grâce à la régularisation du système rénine-angiotensine-aldostérone
Calcium
  • Diminution de la résistance vasculaire et de la tension artérielle 
  • Amélioration du profil des lipides sanguins 
  • Inhibition de l’absorption du gras due à la fixation du calcium aux acides gras afin de former des savons insolubles 
Potassium 
  • Contrôle de la tension artérielle
Magnésium
  • Contrôle de la tension artérielle
Phosphore
  • Contrôle de la tension artérielle
Protéines et peptides bioactifs 
  • Augmentation du niveau de satiété  
  • Amélioration du profil des lipides sanguins 
  • Réduction de la tension artérielle grâce à l’inhibition de l’enzyme de conversion de l’angiotensine 1
Gras/acides gras laitiers : p. ex. membrane du globule gras du lait (MFGM), acides linoléiques conjugués (ALC), certains acides gras saturés (15:0, 17:0); trans-16:1n-7 
  • Gestion du poids grâce à l’inhibition de l’adipogenèse et à la régularisation de la lipogenèse 
  • Amélioration du profil des lipides sanguins 
  • Augmentation de la sensibilité à l’insuline et de la tolérance au glucose 
  • Effet anti-inflammatoire
   

Conclusion 

Dans l’ensemble, les données indiquent que les produits laitiers ne sont pas associés à un risque accru de maladies cardiovasculaires, peu importe leur teneur en matières grasses. 

En fait, un grand nombre de données probantes suggèrent que la consommation de produits laitiers, notamment de lait, de fromage et de yogourt, peut contribuer à protéger la santé cardiovasculaire. 

De plus, dans l’ensemble, les données ne soutiennent pas les recommandations qui invitent à opter pour des produits laitiers à faible teneur en gras plutôt que des produits laitiers à pleine teneur en gras, par exemple du fromage à pleine teneur en gras. 

Les produits laitiers sont des aliments complexes qui contiennent de nombreux nutriments clés. D’autres études mécanistes sont nécessaires pour bien comprendre comment ces composantes et la matrice alimentaire des produits laitiers pourraient contribuer à réduire le risque de maladies cardiovasculaires.

Maladies cardiovasculaires et produits laitiers : résumé des données actuelles

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