Syndrome métabolique et produits laitiers

Plusieurs études, y compris des méta-analyses, indiquent que les produits laitiers sont associés à une réduction du risque de syndrome métabolique. 

Corps humain d'un homme, bras tendus pour étude

Points saillants

  • Des études ont démontré que les produits laitiers (par exemple le lait, le yogourt et le fromage) sont inversement associés au syndrome métabolique;
  • Les produits laitiers à teneur plus élevée en gras ne semblent pas accroître, et pourraient en fait réduire, le risque de syndrome métabolique;
  • Il semble que plusieurs composantes et nutriments du lait seraient responsables des mécanismes potentiels sous-jacents à l’effet protecteur des produits laitiers contre le syndrome métabolique.

Sommaire 

Il existe de plus en plus de données scientifiques sur le rôle des produits laitiers dans la prévention du syndrome métabolique. Au cours des dernières années, plusieurs études et méta-analyses ont démontré qu’une consommation accrue de produits laitiers, notamment de lait, de yogourt et de fromage, est associée à une réduction significative du risque de syndrome métabolique. Les données actuelles démontrent que les produits laitiers à teneur plus élevée en matières grasses sont également associés à un risque réduit de syndrome métabolique. Les mécanismes potentiels semblent être liés à de multiples rôles joués par de nombreuses composantes des produits laitiers, entre autres : les protéines et les peptides bioactifs, la vitamine D, le calcium, le potassium et le magnésium, le gras laitier et les acides linoléiques conjugués. 

Les faits sur le syndrome métabolique 

Le syndrome métabolique est également connu sous le nom de syndrome cardiométabolique, syndrome d’insulinorésistance ou syndrome X. Il regroupe un ensemble de facteurs de risque cardiométaboliques qui augmentent les risques de maladies cardiovasculaires. En fait, le syndrome métabolique est considéré comme étant un facteur important dans l’apparition des maladies cardiovasculaires et du diabète de type 2.

Par ailleurs, selon l’Enquête canadienne sur les mesures de la santé, au Canada, environ 21 % des adultes âgés de 18 à 79 ans sont atteints du syndrome métabolique1. De plus, la prévalence du syndrome métabolique augmente avec l’âge, et on estime que 39 % des adultes de 60 à 79 ans sont touchés. 

Tel qu’il a été établi dans les lignes directrices consensuelles internationales de la Fédération internationale du diabète (FID), en collaboration avec l’American Heart Association et le National Heart, Lung, and Blood Institute (AHA/NHLBI), un diagnostic de syndrome métabolique est posé lorsque 3 des 5 facteurs de risque suivants sont présents2 : 

Critères de diagnostic clinique du syndrome métabolique2  

(Diagnostic = 3 facteurs de risque ou plus) 

Facteur de risque  Valeur
Tour de taille élevé 

Définitions propres à la population et au pays (au Canada, elles sont établies par Santé Canada) 

≥ 102 cm (hommes) 
≥ 88 cm (femmes) 

Taux élevé de triglycérides (ou traitement médicamenteux pour un taux élevé de triglycérides)  ≥1,7 mmol/L
Faible taux de cholestérol HDL (ou traitement médicamenteux pour un faible taux de cholestérol HDL)  <1,0 mmol/L (hommes)
 <1,3 mmol/L (femmes)
Tension artérielle élevée (ou traitement médicamenteux antihypertenseur ou antécédents d’hypertension)  Systolique ≥ 130 mm Hg et/ou diastolique ≥ 85 mm Hg 
Glycémie à jeun élevée (ou traitement médicamenteux pour glycémie élevée)  ≥5,6 mmol/L

Les données scientifiques 

Une méta-analyse d’études d'observation menée en 2018 a évalué la relation dose-effet entre des produits laitiers précis et le syndrome métabolique et ses composantes. Cette analyse regroupait 29 études de cohorte, 10 études transversales et 2 études cas-témoin3

  • Chaque portion quotidienne additionnelle de produits laitiers était associée à une diminution de 9 % du risque de syndrome métabolique.  

    • Chaque tranche de 200 g/jour de lait était associée à une réduction de 13 % du risque. 
    • Chaque tranche de 100 g/jour de yogourt était associée à une réduction de 18 % du risque.  

  • Une consommation de produits laitiers totaux plus élevée était associée à une réduction du risque de présenter des composantes du syndrome métabolique (glycémie, tension artérielle et triglycérides élevés, et faible taux de cholestérol HDL). 

    • Chaque portion quotidienne de lait était associée à une réduction de 12 % du risque d’obésité abdominale. 

    • Chaque portion quotidienne de yogourt était associée à une réduction de 16 % du risque d’hyperglycémie. 

Une méta-analyse d’études d’observation réalisée en 2015 a évalué l’effet de la consommation de produits laitiers sur le risque de syndrome métabolique. Les analyses portaient sur 8 études de cohorte prospectives qui regroupaient un total de 31 944 participants4.  

  • La catégorie de consommation de produits laitiers la plus élevée, comparativement à la catégorie de consommation la moins élevée, était associée à une réduction de 15 % du risque de syndrome métabolique. 

  • Il a été démontré qu’une consommation plus élevée de lait et de fromage entraînait une réduction significative du risque de syndrome métabolique, soit de 24 et 19 %, respectivement. 

  • Chaque portion additionnelle de produits laitiers par jour était associée à une diminution de 12 % du risque de syndrome métabolique. 

Dans une autre méta-analyse de 2015 portant sur 7 études de cohorte prospectives, les auteurs ont observé que5 :  

  • Une consommation plus élevée de produits laitiers était associée à une réduction de 14 % du risque de développer le syndrome métabolique;

  • Le lait était associé à une diminution de 25 % du risque de syndrome métabolique; 

  • Chaque portion additionnelle de produits laitiers par jour était associée à une diminution de 6 % du risque de syndrome métabolique. 

Drehmer et coll. ont examiné l’association entre le syndrome métabolique et différents types de produits laitiers dont la teneur en matières grasses variait. L’analyse regroupait 9 835 participants âgés de 35 à 74 ans issus de la Brazilian Longitudinal Study of Adult Health, une étude de cohorte prospective6.

  • Les produits laitiers, particulièrement les produits laitiers à pleine teneur en gras, le beurre et le yogourt, étaient associés à un risque réduit de syndrome métabolique pour chaque portion additionnelle par jour. 

  • Les produits laitiers à teneur réduite en gras n’étaient pas associés à un risque de syndrome métabolique. 

À l’aide des données du projet SUN (Seguimiento Universidad de Navarra), une étude de cohorte prospective menée en Espagne, l’association entre la consommation de yogourt et l’incidence de syndrome métabolique a été examinée chez 8 063 participants qui ont été suivis pendant un minimum de 6 ans7

  • Une consommation plus élevée de yogourt, particulièrement de yogourt à pleine teneur en matières grasses, était associée à une réduction de 15 % du risque d’adiposité centrale. 

  • La combinaison de la consommation de yogourt et de fruits était associée à un risque réduit de syndrome métabolique. 

Dans une analyse prospective réalisée auprès de 1 868 adultes âgés de 55 à 80 ans issus de l’étude PREDIMED (Prevención con Dieta Mediterránea), après une période de suivi de 3 ans, les auteurs ont observé ce qui suit8 : 

  • Une consommation plus élevée de produits laitiers à teneur réduite en gras était associée à une diminution de 23 % du risque de syndrome métabolique; 

  • La consommation de yogourt (y compris le yogourt à pleine teneur en matières grasses et le yogourt à faible teneur en matières grasses) était associée à une réduction de 22 à 27 % du risque de développer le syndrome métabolique. 

Les mécanismes potentiels 

Les protéines et les peptides bioactifs 
Il a été démontré que les protéines laitières, et plus particulièrement le lactosérum, pourraient améliorer la composition corporelle et avoir un impact positif sur la synthèse des protéines musculaires. On a également observé que les protéines de lactosérum aident à contrôler la glycémie9

De plus, les peptides bioactifs contenus dans les protéines laitières pourraient contribuer à réduire la tension artérielle grâce à l’action d’inhibition de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (ACE)9

La vitamine D 
Plusieurs études épidémiologiques ont démontré qu’un apport et un statut adéquats en vitamine D pourraient avoir un effet protecteur contre le syndrome métabolique. De nombreux mécanismes ont été proposés pour expliquer comment la vitamine D pourrait moduler la santé cardiométabolique. Ces mécanismes comprennent10 :  

  • La réduction de la dyslipidémie par le maintien de l’homéostasie calcique; 
  • La stimulation de la production et de la libération d’insuline;
  • La régularisation du système rénine-angiotensine-aldostérone, qui favorise la gestion de la tension artérielle. 

Le calcium, le potassium et le magnésium 
Des données suggèrent que le calcium pourrait améliorer le bilan lipidique sanguin grâce à la médiation potentielle de l’excrétion fécale de matières grasses9

De plus, le calcium, le potassium et le magnésium contenus dans le lait pourraient faciliter la gestion de la tension artérielle en réduisant la rétention du sodium au moyen de divers mécanismes9. Le calcium alimentaire pourrait favoriser la régularisation hormonale du calcium intracellulaire, qui a un impact positif sur la tension artérielle. Le potassium contribue également en inhibant la pro-inflammation des cellules du muscle lisse de la paroi vasculaire, réduisant ainsi l’agrégation plaquettaire et la résistance vasculaire rénale. Le magnésium pourrait aussi jouer un rôle dans la modulation des concentrations de calcium intracellulaire. 

Les acides linoléiques conjugués (ALC) et les matières grasses du lait 
Il semble que les matières grasses du lait améliorent le ratio cholestérol HDL/cholestérol total. Les acides gras saturés présents dans les matières grasses du lait ont également un impact favorable sur les taux de triglycérides9

ll a été démontré que les ALC offrent de nombreux bienfaits potentiels sur la santé cardiométabolique, particulièrement grâce à leurs effets sur les lipides plasmatiques et les lipoprotéines9

Finalement, certains acides gras laitiers (p. ex. le 15:0 et le 17:0), qui sont considérés comme des biomarqueurs de la consommation de produits laitiers/de gras laitier, ont été associés à un risque réduit de maladies cardiovasculaires et de diabète de type 211,12,13

Conclusion 

Les données actuelles suggèrent que les produits laitiers, notamment le lait, le yogourt et le fromage, sont associés à un risque réduit de syndrome métabolique.  

Les produits laitiers à pleine teneur en gras et à teneur réduite en gras pourraient tous deux contribuer à prévenir le syndrome métabolique.  

D’autres études sont requises afin de clarifier davantage les rôles mécanistes des composantes du lait dans la prévention du syndrome métabolique. 

Vos impressions
Est-ce que ce contenu vous a été utile?